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Un « MEMENTO » jondo
Mayte Martín est une érudite du cante, elle le polit, le bichonne, le pousse jusqu’à un extrême perfectionnisme. Elle en est une fervente amoureuse, et en est à ce point respectueuse que malgré le temps qui passe, on a l’impression que rien ne change, si ce n’est dans la subtilité. C’est un mérite, mais provoque aussi une lassitude au sein du public, que nous avons surpris à la sortie du Théâtre Bernadette Lafont en train de commenter: « Mayte c’est un régal, c’est pour cela que nous sommes là, mais à part le nom rien ne change ou presque par rapport à son récital de 2017». Pourtant, sur les visages, la satisfaction est bien là, et c’est ce que nous retenons. En effet, après, ce premier constat, je ne puis m’empêcher de relever plusieurs points qui m’ont interpellé ce soir. Mayte au-delà des effets de look, juste une chaise quelque peu subtile, rappelant l’ancien mais donnant cette touche contemporaine, à côté d’elle, son guitariste du moment, le talentueux Alejandro Hurtado, et c’est tout. Pour tout un théâtre, sans autre artifice. Il faut donc oser, et être sûr de soi. L’autre point est celui de cette voix, particulière, « blanca » comme l’ont dit parfois en Espagne, qui permet une diction intelligible et qui réussit tout en délicatesse « à griffer nos âmes, nos cœurs ». Son « Memento » est une incitation au souvenir dans lequel elle met toute ses capacités afin que cela sonne à ces « échos » anciens, mais dans sa voix, et en accompagnement, la guitare de Alejandro, rappelant Niño Ricardo, Ramón Montoya, Paquito Simon ou encore Pepe Martinez. Non pas en imitation, car par exemple l’accompagnement des cantes de ida y vuelta, comme il me l’indiqua après le récital, sont de sa propre création. Granínas de Chacón, petenera, siguiriyas et cabal, un zest de zambra de Caracol pour introduire des tientos tangos, avant de se souvenir de Marchena et Valderrama, colombiana, guajira puis cantiñas avant de clôturer par des bulerías. Mayte Martin nous a offert le même concept de récital que nous connaissons depuis 30 ans et qui se rafraîchit peu à peu tout en subtilité. Peut-être aurais-je aimé, un peu moins de retenue et de control entre le « toque » et le chant. Mais est-ce important ?
Et souvenons-nous de ces paroles de Machín qui résonnent encore dans ma tête dans la voix de Mayte…
Ha nacido un compromiso.
Tu destino es como el mío,
Si eres vela, yo soy viento,
Si eres cauce, yo soy río,
Si eres llaga, yo lamento.
Nadie habló de enamorarnos
Pero dios así lo quiso
Y tan solo de tratarnos
Ha nacido un compromiso.
Un compromiso.
M. Morillas
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Mayte Martín
Memento
17 janvier
Théâtre Bernadette Lafont